Améliorer son stress

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©Anaïs BAIXES Kinésiologue Nantes

Se libérer du stress, de la pression et des exigences, sont des souhaits très fréquents. Mais est ce entièrement bénéfique ? Le stress, dans sa manifestation physiologique adaptée, c’est à dire aigu et de courte durée, est une réaction indispensable à notre survie. Vivre sans pression, contrôle ni vigilance n’est pas souhaitable. Sans stress, nous ne pourrions pas réagir dans l’urgence.

Le stress est inhérent à la vie et comporte de nombreux bénéfices dès lors que l’on sait les percevoir et en tirer profit.


Une réaction de survie

Le stress est un mécanisme essentiel et automatique que notre corps enclenche pour assurer notre survie, il participe à notre évolution. C’est une fonction primordiale chez tous les vertébrés, qui mobilise de l’énergie dans le but de se déplacer ou de se protéger au mieux (combattre ou fuir) dans un environnement hostile.

La réaction de stress est un ensemble de réponses de notre organisme face à une situation nouvelle à laquelle nous devons nous adapter. Elle est indépendante de notre volonté et nous permet par exemple de faire, en une fraction de seconde, un pas de côté si une voiture nous frôle ou de détaler si un chien nous attaque.

Nous percevons des informations de l’environnement par nos sens, celles-ci sont transmises au cerveau qui va déclencher la libération d’hormones dans le sang. Il s’en suit une stimulation du système cardio-vasculaire (augmentation de la fréquence cardiaque et de la tension artérielle). Le sang (transportant l’oxygène) est ainsi envoyé vers le cerveau et les muscles. Une meilleure oxygénation du cerveau permettra une prise de décision plus efficace. Les muscles bénéficieront d’une énergie optimale pour agir et être en mouvement. Toute notre énergie est mobilisée pour l’action !

Ces modifications hormonales ne sont pas destinées à durer longtemps. Une fois le danger écarté, le taux d’hormones doit revenir à la normale.


Un moteur pour agir

Les réactions physiologiques du stress sont utiles et constructives. En provoquant un pic d’énergie elles rendent le corps plus alerte, nous pouvons alors mobiliser plus facilement nos ressources pour être performants.

L’énergie qu’elles procurent est source de motivation pour relever des défis. Être stressé c’est aussi dépasser des limites qu’on pensait insurmontables.

Par exemple pour un sportif, ce stress va l’aider à donner le meilleur de lui même, lui permettre d’être efficace et de rester concentré.

Contrairement à ce que l’on imagine, le stress a des effets bénéfiques sur notre organisme :

-il renforce le système immunitaire : le stress aigu est un signal d’alarme qui mobilise les défenses du corps en cas de blessure ou d’infection. Le sang va accélérer le transport des cellules immunitaires vers les tissus où elles peuvent contrer le danger.

-il augmente nos capacités d’apprentissage (concentration, attention et mémorisation). Le cerveau, stimulé par notre état d’alerte, active le développement de nouveaux neurones (plasticité cérébrale) pour une meilleure adaptation aux changements. Nos performances cognitives et comportementales sont donc plus efficaces. Cette stimulation cérébrale pourrait même protéger, à long terme, contre les maladies neurodégénératives comme la maladie d’Alzheimer.

-il favorise un comportement prosocial : nous aurions davantage tendance à vouloir aider, partager, réconforter ou protéger les autres afin de maintenir la cohésion du groupe. Ici il s’agit de la survie du groupe d’appartenance.

Nous pouvons supporter des pics de stress intenses mais de courte durée.

S’il est trop long ou excessif le stress aura les effets inverses et sera délétère pour notre santé. Notre corps ne peut pas être en alerte constante, il finira par s’épuiser (burn-out) et ne nous ne serons plus en mesure de nous adapter aux nouvelles situations. Pour trouver l’équilibre il sera bon d’apprendre à le doser en commençant par agir sur notre façon de le percevoir.

graphique stress
Cabinet de Kinésiologie à Nantes – Anaïs BAIXES

Une question de perception

« Notre plus grande arme contre le stress est notre capacité à choisir une pensée plutôt qu’une autre. » William James

L’intensité du stress varie donc selon la perception individuelle de chacun sur une situation donnée.

Un exemple parlant : les montagnes russes provoquent des sensations fortes attribuables à un stress. Elles peuvent être très appréciées par certains qui vivront ce moment comme positif et stimulant, ou au contraire être vécues comme une redoutable peur. Ici on voit bien qu’une seule situation engendre deux types de réactions différentes, liées à la perception subjective de la réaction physique ou corporelle.

Ce ne sont pas toujours les situations qui créent le stress mais très souvent la manière dont nous nous les représentons et les interprétons.

Une étude sur l’évaluation du niveau de stress a montré que le stress vécu de façon positive a pu être corrélé avec une plus grande longévité que lorsqu’on le perçoit comme néfaste et incontrôlable. Dès lors que l’on accepte que le stress fasse partie intégrante de notre fonctionnement, notre perception à son sujet est susceptible de changer.

Les contraintes à l’origine du stress peuvent venir à la fois de notre environnement et de nous-même. Il est important de distinguer ce sur quoi nous pouvons agir et ce qui n’est pas de notre ressort. Les causes liées à notre environnement sont rarement contrôlables à la différence des causes venant de nous. La première cause sur laquelle nous pouvons agir : nos pensées. Nous pouvons nous entraîner à changer notre interprétation des situations que nous vivons comme stressantes et la manière dont nous réagissons .

Si nous ne pouvons pas changer la situation, nous pouvons toujours changer notre perception.

Il est possible d’agir contre les effets néfastes du stress (lorsqu’il devient chronique). En relâchant consciemment notre corps (respiration profonde, ou activité physique modérée) nous envoyons alors à notre cerveau le message « Si le corps est aussi relâché, c’est qu’il n’y a pas vraiment de danger. » Cela revient à calmer la réaction primaire de stress quand elle dure trop longtemps ou qu’elle se répète trop souvent sans véritable menace. Nous sommes mécaniquement moins stressés : nos muscles se détendent et le cœur retrouve son rythme normal, nos pensées peuvent être plus apaisées.


Conclusion

Le stress est une réaction vitale. L’impact physiologique du stress peut être positif ou négatif en fonction, notamment, de sa durée. Lorsqu’il est de courte durée, il nous motive et nous donne une poussée d’énergie pour faire face à des situations qui nous demandent de nous adapter (amélioration des performances).

Vouloir se débarrasser d’un fonctionnement nécessaire à notre survie est absurde.

Lorsque l’on comprend les mécanismes en jeu, il est alors plus facile de les accepter et de les gérer pour les transformer en énergie stimulante, et éviter ainsi de basculer vers des effets néfastes.

Notre manière de réagir face au stress conditionne notre rapport au monde et aux autres. Elle va même jusqu’à influencer nos opinions et nos croyances. C’est dire s’il est important de s’en faire un allier plutôt qu’un ennemi.


Sources :

Abiola Keller , Kristin Litzelman, Lauren E Wisk, Torsheika Maddox, Erika Rose Cheng, Paul D Creswell, Whitney P Witt : « Does the perception that stress affects health matter? The association with health and mortality . » Health Psychol. 2012.
Bernadette von Dawans, Urs Fischbacher, Clemens Kirschbaum, Ernst Fehr, et Markus Heinrichs : « The Social Dimension of Stress Reactivity: Acute Stress Increases Prosocial Behavior in Humans. » Psychological Science, 2012.
Albert Moukheiber : « Votre cerveau vous joue des tours. » 2019.
Frédéric Chapelle, Benoit Monié : « Bon stress, mauvais stress : mode d’emploi. » 2007
Mathias Schmidt et Lars Schwabe, « Les deux visages du stress », Cerveau et psycho n°48, 2011.
Lisa Finlay : « How You Think About Stress Matters » Headington Institute, 2017.
Rüya-Daniela Kocalevent : « Les bons côtés du stress. » Théma Cerveau et Psycho, 2020.