Pensée positive, l’essentiel est dans l’action

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©Anaïs BAIXES Kinésiologue Nantes

“  L’univers n’est pas à notre disposition.” Matthieu Ricard.

Les recommandations sur la pratique de la pensée positive sont très en vogue, mais son fonctionnement, faisant appel à la « loi de l’attraction » (considérée comme une croyance) apparaît plutôt simpliste et peu convainquant.
La pensée ne crée pas par elle-même des évènements, elle crée notre motivation ! C’est un moteur pour un état d’esprit ouvert, attentif, nous permettant d’agir pour saisir des occasions.
Elle ne rend pas l’impossible possible mais elle rend le possible plus probable.

 

Sortir de la physique

La pensée positive telle que la présente la « loi de l’attraction », se résume à : « pensez à ce que vous désirez et cela se réalisera ». Ce concept attribue des pouvoirs abstraits à la pensée comme : réalisation de nos aspirations et influence sur notre réalité.
Le principe de la « loi de l’attraction » affirme que les pensées positives attireraient comme un aimant les événements positifs dans notre vie et inversement. Il serait donc recommandé d’écarter les pensées négatives à tout prix. Ce principe fait référence à l’électromagnétisme, sauf que dans les domaines du magnétisme et de l’électricité les charges identiques se repoussent et les opposées s’attirent. Ici la correspondance avec une loi physique est contradictoire.
Les principes de la physique quantique sont souvent utilisés pour expliquer et légitimer le fonctionnement de la pensée positive. Ils sont alors simplifiés, dénaturés et généralisés au-delà de leur domaine d’application. La physique quantique relève d’un ensemble de théories tellement complexes que peu de personnes peuvent se vanter d’en comprendre toutes les subtilités.
Ainsi quand un non physicien utilise le mot « quantique » (très à la mode dans le monde du développement personnel) pour parler de la pensée ou de la conscience, sa crédibilité pose question.

Il existe un fossé entre les données de la physique quantique et ce que certains veulent en faire.
Dire que la conscience a le pouvoir de forger le réel exploite le côté mystérieux de la physique quantique.
Les physiciens ont montré que dès qu’un objet interagit trop avec son environnement et qu’il est trop gros, il cesse d’être quantique. A notre échelle, le cerveau a une taille et une température inadaptées et l’influence de l’environnement est trop importante pour qu’il puisse présenter un comportement quantique.

L’injonction à la pensée positive seule est une version édulcorée de la psychologie positive et de la quête du bien être. La pensée est un moteur pour la modification de nos comportements, les effets de la pensée positive s’expliquent de façon rationnelle par la psychologie et non par la physique.

 

Moins de stress

Les pensées agréables ont une première conséquence : la détente.
Nous savons aujourd’hui que les hormones produites en cas de stress affaiblissent nos défenses immunitaires. On comprend alors facilement comment la pensée positive et la détente qu’elle induit impacte notre santé. En limitant le stress, notre immunité retrouve sa capacité à protéger notre organisme (pas de guérison miracle donc).
Cette détente physique favorise aussi une ouverture de l’attention et un élargissement de notre champ de vision. Nous sommes alors plus à même de percevoir des informations pertinentes de notre environnement. L’exploration, la découverte et l’apprentissage sont favorisés.

A l’inverse, le stress, souvent accompagné de pensées négatives, entraîne une attitude de fermeture. L’attention est alors focalisée sur l’objet du stress, le champ perceptif se réduit de façon inconsciente. Une personne stressée remarquera moins les opportunités qui se présentent à elle.
La pensée positive n’attire pas réellement plus d’opportunités mais permet de remarquer celles qui s’offrent à nous, nous donnant l’impression de les attirer !

Un autre intérêt à une attitude plus détendue et souriante est qu’elle augmente nos chances de créer du lien social. Une attitude plus ouverte vers l’extérieur entraîne plus d’interaction avec les autres et favorise de nouvelles expériences. Par mimétisme, les autres auront tendance à adopter une attitude similaire à la notre, créant ainsi un sentiment de proximité. Créer du lien c’est aussi provoquer des opportunités qui pourraient répondre à nos attentes du moment.

 

Un moteur émotionnel et comportemental

Rester au stade de la pensée limite fortement les chances que quelque chose se passe.
Notre réalité ne peut se transformer sans actions concrètes. La pensée, information immatérielle, ne détient pas le pouvoir d’influencer par elle-même la matière.

Les pensées et les émotions s’influencent mutuellement. Les pensées sont capables de générer des ressentis. Ainsi une pensée positive, comme un souvenir agréable, va provoquer une sensation de joie et de sérénité. Inversement une émotion va rendre notre attention plus sélective et orienter nos pensées vers les événements de même nature (lorsqu’on est anxieux notre attention sera plus focalisée sur des menaces éventuelles qui vont continuer à nourrir notre anxiété). Ce fonctionnement explique pourquoi les émotions ont tendance à s’auto-entretenir.
Sous l’effet d’une émotion agréable notre attention va capter d’avantage d’informations jugées positives dans notre environnement. Nous nous créons ainsi au fil du temps des souvenirs agréables modelant notre façon de voir le monde : plus ouvert, plus optimiste. Nous entretenons et renforçons alors une motivation à continuer dans ce sens, créant un cercle vertueux.
Ce que nous pensons de nous va se modifier progressivement vers des sentiments plus positifs, à force de succès, nous renforçons notre sentiment d’efficacité personnelle. Ceci nous encouragera à persévérer et à nous adapter aux circonstances. La persévérance et l’adaptation étant des attitudes propices à la réussite.
Ici nous n’attirons pas les événements heureux mais nous les remarquons davantage et nous savons en tirer parti.

 

Anticiper et prévoir les aléas

Il n’est pas question ici de culpabiliser d’avoir des pensées négatives. Car penser au négatif n’attire pas le négatif. Au contraire, cela permet de l’éviter ou de le surmonter en prenant les mesures adéquates. De plus, il est impossible de contrôler toutes les pensées qui arrivent spontanément. Et ce n’est pas parce que nous avons des pensées négatives que quelque chose de désagréable va nous arriver (alors que c’est ce que peut supposer la « loi de l’attraction » telle qu’elle est présentée). Nous n’avons pas non plus à prendre l’entière responsabilité d’un événement malheureux, car il peut être soumis à différents facteurs, notamment les décisions et les actions des autres (non prises en compte dans la « loi de l’attraction »).
Adopter une attitude optimiste équilibrée (non excessive et lucide) n’est pas forcément évident pour tout le monde, cela dépend de notre tempérament et notre vécu. Cependant avec de l’entraînement, les pensées positives peuvent être privilégiées et les pensées négatives tempérées. Gérer ses pensées négatives sans les refouler ni les nier et sans se laisser envahir est un apprentissage et peut prendre du temps. Les ruminations mentales et les soucis qui tournent en boucle peuvent devenir des excuses pour ne pas agir.
Pour nourrir un état d’esprit optimiste, les pensées négatives ont leur rôle à jouer : elles nous permettent d’être conscient qu’une situation pourrait être plus grave que ce que l’on vit.

Les aléas de l’existence surviennent pour la plupart des gens de façon imprévisible. Il est important d’être conscient des difficultés de la réalité afin de mieux les appréhender.
Visualiser les obstacles, donc penser à la tournure négative que pourrait prendre une situation entraîne le cerveau à trouver des solutions en cas de contrariétés, même pour celles qui n’auraient pas été prévues.

 

Conclusion

Les conseils sur la pratique de la pensée positive sont nombreux mais pas toujours explicites. Ils sont souvent basés sur la « loi de l’attraction » qui prétend qu’il suffirait de penser de façon positive à ce que l’on souhaite pour l’obtenir… La réalité semble tout autre.
Les pensées à elles seules sont insuffisantes pour provoquer des changements à moins d’être incarnées par des comportements et des actions. Les effets des pensées positives s’expliquent par un changement d’attitude globale (émotions et comportements): penser différemment permet d’agir différemment.
Une attitude positive n’attire pas forcément plus d’événements positifs dans notre vie, mais nous rend plus attentifs à ces événements déjà présents. Elle nous motive pour : agir dans le sens des buts que l’on s’est fixés, tirer profit des opportunités qui se présentent, oser la nouveauté et quitter notre zone de confort. Nous pouvons alors provoquer le changement pour rendre notre existence plus satisfaisante.

A force de répétition, le mode de pensée positive peut devenir plus automatique et changer la perception que nous avons de nous-même et du monde qui nous entoure.
Nous avons besoin de trouver le bon équilibre entre être optimiste sur le succès d’une démarche et réaliste quant aux obstacles pouvant être rencontrés.
Cet état d’esprit s’auto-entretient et nous rend plus fort pour affronter les obstacles de la vie.

 

Sources :
Yves-Alexandre Thalmann : « Pensée positive 2.0, la loi de l’attraction enfin expliquée. » 2015.
Julien Borboff : « Sept idées fausses sur la physique quantique. » 2019.
Yves-Alexandre Thalmann : « La pensée positive a du plomb dans l’aile. » , Cerveau & psycho n°127-décembre 2020.
Tori Rodriguez : « Comment tirer le meilleur du pire ? », L’essentiel Cerveau & psycho n°22-mai 2015.
Richard Wiseman : « Comment mettre la chance de votre côté. » 2012.
Marie-Catherie Mérat : « Guérir par la pensée : la preuve en 15 expériences. », Sciences et vie n°1135-2013.
Yves-Alexandre Thalmann : « Psycho quantique, l’arnaque qui monte. », Cerveau et psycho n°115-Novembre 2019
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